Edito des Pensées Musicales n°4

L’année 2015 est désormais derrière nous. Certainement comme toutes celles précédentes, elle fut riche en évènements. Bien qu’il y ait eu sans doute quelques beaux moments de bonheur, il y eut aussi de trop nombreuses expériences difficiles et sombres. Pour ne parler que de nous, français du monde occidental, nous vivons encore sous une tension bien palpable. Il y a un an, la liberté d’expression – dont la charge est une caractéristique de notre identité occidentale depuis l’Antiquité – fut attaquée ; il y a deux mois c’est le spectacle vivant qui fut blessé. Pire, au-delà de ces notions abstraites, ce sont des centaines de vies détruites par l’ignorance et la barbarie. Fort malheureusement, ce ne sont là que deux exemples – traumatisants – des attaques de de nos valeurs qui forment le socle de nos identités : sociale, culturelle et personnelle. Cette année 2015 fut l’expérience d’une remise en question violente de ses valeurs, je l’espère pour mieux les affirmer en cette nouvelle année et celles qui suivront.

Mais ces valeurs, quelles sont-elles ? Nous n’avons entendu sans cesse ces appels aux valeurs, particulièrement celles de la République. Mais la définition de celle-ci et l’interprétation de ses plus grands principes semblent bien différentes selon l’individu qui nous y exhorte… Rappelons-le brièvement, la république (du latin res publica, « la chose publique ») représente l’Etat et tous les services qui permettent son bon fonctionnement ; elle est la propriété de tous et organise le vivre-ensemble de ceux qui vivent sous ce régime (définition de la politique) – en l’occurrence nous, citoyens de la République Française.

Je tiens à vous rassurer, nous ne ferons point ici de politique – je n’y entends rien. Toutefois, à entendre partout ces termes, les notions qu’ils évoquent en sont devenus tellement abstraits que je ne peux m’empêcher de retourner à leurs origines étymologiques et historiques. Comment affirmer des valeurs si l’on ne les comprend pas… ?

Nous le voyons et l’entendons tous les jours : l’interprétation des valeurs est trop personnelle, voire intime, pour que nous puissions en discuter ici. Toutefois, je veux retenir ces deux notions, évoquées précédemment : propriété de tous et vivre-ensemble. Les grands principes de notre République (Liberté, Egalité, Fraternité) en découlent directement. Nos valeurs, quelles qu’elles soient, sont notre rapport à l’autre. Personnellement, elles peuvent être individualistes, encourageant le travail et mérite, ou être la défense de notre patrimoine et notre origine – encore faut-il en connaître l’Histoire. Mais à l’échelle d’une nation, nos valeurs communes est assurément l’acceptation et l’amour de l’autre dans sa différence.

Nous, artistes et mélomanes, nos valeurs en sont-elles différentes ? Comment pouvons-nous les concrétiser et les défendre ? Tous, nous avons des projets, aussi différents que nous le sommes nous-mêmes. Certains ne portent pas le fruit que nous escomptions, car nous restons humains et l’échec n’est pas toujours évitable. C’est justement parce que nous sommes humains que, malgré les déceptions et les pertes, nous avons des valeurs, à la fois propres et communes, que nous pouvons avancer toujours, depuis des millénaires et certainement encore pour longtemps.

En ce quatrième numéro des Pensées Musicales, chaque article transpire des valeurs de leur auteur. Parmi tant d’autres moyens d’expression, ces quelques pages que vous tenez sont un lieu de partage, de dialogue et de passion pour la musique, son histoire, sa pratique et son essence.

Je ne remercierai jamais assez les collaborateurs de leur participation, simple et amicale et surtout de qualité. Vous aussi lecteurs, je vous remercie sincèrement de votre participation, de vos retours et encouragements.

Que cette année 2016 nous soit belle !