Jeudi 15 février 2024
Les dernières semaines ont été denses, pour ne pas dire épuisantes. Entre deux coups de téléphone et quelques messages, une brèche s'est enfin ouverte dans mon emploi du temps chargé, me laissant un moment pour respirer au Louvre. Dans ma quête d'inspiration, je m’arrête devant un tableau représentant un chevalier, dont la peinture vivante m'a interpellé. Bien que la peinture du XIXe siècle ne soit pas ma tasse de thé habituelle, je suis attiré par le tableau voisin, où trois jeunes filles cueillaient je-ne-sais-quoi sur le tronc d'un arbre presque mort, au bord d'un lac qui ressemblait plus à un immense miroir.
La scène de ce Souvenir de Mortefontaine est calme, presque écrasée sous le poids d'un arbre imposant, mais loin d'étouffer, il réfléchit doucement. C'est une douce journée de printemps, avec une température idéale. La technique des touches de couleur donne un mouvement séduisant à la scène, sans pour autant tomber dans l'impressionnisme. La base du tronc disparait dans des taches vert sombre, comme surgissant d'un rêve ou d'un souvenir lointain du peintre, évoquant l'aspect protecteur de cet arbre pour le groupe de jeunes filles, charmant sous quelques fleurs éparpillées.
Mon regard s'attarde ensuite sur le tableau des Sonneurs de Descamps. Malgré sa noirceur et le manque de détails depuis loin, je réalise qu'il s'agit en réalité de quatre sonneurs de cloches, tirant vigoureusement sur la corde. À proximité, plusieurs bouteilles vides témoignent de leurs pauses pour s'abreuver, mais ce qui retient mon attention est la discrète présence de deux personnages éclairés par une fenêtre. L'un, en habit de prêtre, discute avec son interlocuteur dans une atmosphère familière, pendant qu'un jeune sacristain tentait discrètement de s'éclipser avec une bouteille, observé par l'un des sonneurs. La scène semble figée dans le temps, laissant libre cours à l'imagination de l'observateur.
Le tableau de la Jeune Orpheline au Cimetière de Delacroix me captive également. De près, l'œuvre semble inachevée, mais en prenant du recul, les plis du tissu paraissent parfaitement répondre à la lumière, mettant en valeur le regard émouvant de la jeune fille. Ses yeux humides expriment à la fois la tristesse et la force, tandis que son vêtement tombant légèrement sur son épaule et sa tête tournée vers un événement mystérieux ajoutent une touche de surprise et de méfiance à la scène.
Les scènes populaires et touchantes de Louis-Léopold Bailly m'ont également ému, notamment les visages doux et fins de ses personnages. En observant un tableau en hauteur, le clair-obscur laissait apparaître un modèle nu musclé et posant dans l'atelier de David, devant des peintres concentrés.
Je me suis ensuite arrêté devant le portrait d'un jeune homme en chasseur par Giraudet, séduit par ses beaux yeux bleus et son élégance. J'ai redécouvert avec admiration le callipyge de Caron, loin de l'imaginaire du passeur des enfers, et été intrigué par un jeune dessinateur reprenant l'œuvre au crayon, apportant une nouvelle vie à cette peinture.
Enfin, je me suis émerveillé devant le monumental tableau de la Résurrection de Lazare par Jouvenet, captivé par les expressions sur les visages des personnages, en particulier la surprise et l'incrédulité qui émanaient de certains, contrastant avec la beauté presque irréelle de Jésus.
