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Le siège et la Commune de Paris / Alain Frerejean, Claire L'Hoër

Le 21/07/2023

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Les années 1870-1871 sont particulièrement marquantes dans l'histoire de France, et plus encore de Paris. Pourtant, elles sont malconnues, voire ignorées. Cette période de double siège et de défaites dont personnes ne ressort grandi est sans doute encore empreinte de honte et de gêne. Aujourd'hui encore, la communication d'un Etat central persiste : les partisans de l'ordre usent de la violence légitime pour réprimander une révolte populaire suite à la défaite contre la Prusse. Pourtant, la réalité de l'époque est beaucoup plus complexe et ainsi plus terrible encore.

Grâce à la compilation cohérente et fluide de témoignages, les historiens Alain Frerejean et Claire L'Hoër parviennent à faire comprendre ces deux années qui marquèrent profondément la capitale. Si on est d'abord étonné de l'incompétence de dirigeants civils et militaires face à l'invasion prussienne, on l'est encore davantage de la guerre fratricide entre "versaillais" et "communards" en plein coeur de Paris. La chute de l'Empire encourageant certains à rêver d'un monde meilleur, la confusion politique d'un pays acculé par une force étrangère très peu conciliante réveille tous les vices d'un peuple épuisé : inégalités, vengeance jusqu'à la folie meurtrière, individuelle comme collective.

Etrangement loin d'être le fruit d'une lutte des classes, la Commune est une lutte contre le pouvoir central d'un Etat corrompu et élitiste pour lequel l'Eglise se rend aussi complice que profiteuse. On réclame l'école laïque, gratuite et obligatoire ; la justice gratuite ; la régulation du travail de nuit... nombre de ces revendications paraissent aujourd'hui pour des évidences. Mal organisée car peu disciplinée, la Commune de Paris commit des erreurs assassines. Celles-ci lui furent durement et disproportionnellement réprimées par le gouvernement retranché à Versailles. Pour une centaine d'otages et une cinquantaine de meurtres injustes, les fédérés - partisans de la Commune - paieront le prix de plus de dix-sept mille hommes, femmes et enfants fusillés, dont la moitié était innocente...

Cet ouvrage permet de lire les témoignages parfois poignants de soldats, bourgeois, artistes ou simples témoins, d'un côté comme de l'autre. On y sent ainsi la confusion des opinions, l'absurdité de luttes fratricides et la folie de violences inouïes. On y lit également l'attitude de parisiens dont le goût du spectacle macabre n'a d'égales que la lâcheté et la versatilité facile. Une histoire passionnante qui nous apprend beaucoup sur cette fin de XIXe siècle.