Boléro / Anne Fontaine
Le 12/11/2024
Le film d’Anne Fontaine, loin d’être un biopic traditionnel, aborde le personnage de Maurice Ravel par touches impressionnistes, respectant la discrétion et l'aura mystérieuse du compositeur. Le Mystère Ravel s’intéresse non seulement à sa création la plus célèbre — le Boléro, conçu à partir d’une simple mélodie répétée dix-sept fois à la demande d’Ida Rubinstein pour un ballet — mais aussi aux éléments intimes et inattendus qui ont forgé l’artiste. L’œuvre, née dans la douleur et les doutes, rencontre un succès immédiat et continue, contre toute attente, à être jouée presque en permanence dans le monde.
Le portrait d'Anne Fontaine révèle un Ravel perfectionniste, perpétuellement insatisfait, marqué par l’héritage de son père horloger suisse, d’où il tire une minutie presque obsessionnelle, et de sa mère basque, d’où il puise un exotisme en phase avec son époque. Le film explore les liens particuliers qu'il entretient avec les femmes de sa vie : des relations souvent platoniciennes, teintées de retenue et d’une timidité presque maladive.
La bande sonore, naturellement, regorge de moments musicaux d'une grande beauté, ponctués par de saisissants silences qui accentuent le sentiment d’attente et d’incertitude. Ces pauses soulignent l'angoisse créative du compositeur, son rapport au temps, et ce rythme entêtant qui imprègne le Boléro. Cependant, le film souffre de longueurs, de scènes étirées, et d’un rythme qui finit par ralentir l’engagement du spectateur. Malgré la belle interprétation de Raphaël Personnaz et une distribution convaincante, la narration reste éparse, manquant de souffle et d’un fil conducteur fort. Cette absence de cohésion, si elle illustre le blocage créatif, risque aussi de laisser le spectateur sur sa faim, rendant l’expérience visuelle plus esthétique que véritablement émouvante.