Les racines de la musique afro-américaine
Comment de nouveaux genres musicaux sont nés du métissage des cultures ?
Esclavage, negro spiritual et Gospel
Qui capturaient en Afrique les futurs esclaves et contre quoi les échangeaient-ils ?
Comment étaient traités les noirs africains lors de la traversée de l’Atlantique ?
Comment les esclaves étaient-ils vendus ?
En quelles occasions les esclaves chantaient-ils ?
Contexte historique : le commerce triangulaire
L’histoire de la musique afro-américaine est étroitement liée à une terrible réalité : celle de l’esclavage, et donc du commerce triangulaire. Depuis l’arrivée des premiers africains en Virginie au XVIIe siècle jusqu’à la guerre de Sécession (1861-1865), de nombreux esclaves sont déportés dans les colonies d’Amérique du Nord pour travailler dans les plantations des colons. L’esclavage ne sera aboli qu’en 1865, après la guerre de Sécession.
Métissage musical : la naissance de la musique afro-américaine
Pour les esclaves dépouillés de leurs biens, déracinés, la musique leur a permis de préserver leur culture, leurs origines. Les noirs déportés n’ont pas pu emporter d’instruments. C’est donc de leur mémoire et de la terrible nécessité de s’accrocher à leurs croyances et expressions que ressurgissent des chants, des danses et probablement des instruments. Le peuple noir, en mélangeant des éléments musicaux hérités de l’Afrique avec des éléments empruntés et adaptés de la culture musicale blanche, va donner naissance à la plupart des genres de musique populaire actuelle nés au XXe siècle.
Le work song (chant de travail)
Le work song, chant de travail, permettait aux esclaves de synchroniser leurs mouvements et de mieux supporter les tâches pénibles. Les chants étaient transmis par tradition orale et étaient chantés a cappella – sans accompagnement instrumental –, en utilisant le principe de la technique responsoriale : un chœur répond à un soliste.
Rosie, work song enregistré dans les prisons du sud des USA au début du XXe s.
Genre musical
Caractère de la musique
Tempo
Formation vocale
Formation instrumentale
Caractéristiques musicales
Du negro spiritual au Gospel
Les negro spirituals, nés au XVIIIe siècle parmi les esclaves noirs des Etats-Unis, sont à l’origine des cantiques enseignés par les missionnaires blancs aux esclaves travaillant dans les plantations. Les esclaves se retrouvaient entre eux le dimanche, à l’église, seul moment où ils pouvaient échanger leurs sentiments. Les esclaves vont transformer ces chants européens à leur manière en y apportant des éléments propres à leur culture africaine.
Le Gospel, qui signifie Evangile (God Spell = Parole de Dieu), est un chant religieux chrétien qui prend la suite du spiritual dans les années 1920/1930.
Mise en comparaison de deux chants
Titre écouté |
Go down Moses |
Oh happy day |
Genre musical |
Negro spiritual |
Gospel |
Caractère |
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Tempo |
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Paroles |
? Ancien Testament ? Nouveau Testament |
? Ancien Testament ? Nouveau Testament |
Sujet des paroles |
Rédemption, esclavage, espoir de liberté, résistance. |
Révolte, espoir contre la ségrégation raciale. |
Formation vocale |
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Formation instrumentale |
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Caractéristiques musicales |
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Go down Moses
Dans l’extrait visionné – Les voyages de Sullivan (1941) de Preston Sturges –, un pasteur noir fait chanter à ses fidèles le spiritual Go down Moses. L’arrivée de prisonniers fait écho aux paroles : ils sont associés aux esclaves noirs qui retrouvaient dans le récit des Hébreux captifs en Egypte le reflet de leur propre condition d’esclave.
Oh happy day
De 1945 à la fin des années 60, le Gospel connaîtra son âge d’or avec des artistes tels que Mahalia Jakson ou les Edwin Hawkins Singers. Ces derniers eurent l’idée de reprendre un hymne anglican de 1735 : Oh happy day.
Dans l’extrait visionné – Sister Act II (1993) de Bill Duke –, la chorale d’adolescents interprète Oh happy day dans une version originale : le soliste ajoute des vocalises qui seront répétés par le chœur (technique ).
La Soul music
La musique soul (musique de l’âme) est une musique populaire afro-américaine née à la fin des années 1950 aux Etats-Unis. Elle puise ses racines dans le Rythm & Blues, le Gospel et le negro spiritual. La jeunesse noire américaine l’a utilisée comme un mouvement contestataire pour réagir face à la communauté blanche et à l’envahissement du Rock’n’roll.
Soulman (2010) de Ben l’Oncle Soul
Soulman est une chanson soul ; elle en reprend toutes les caractéristiques : rythmes, harmonies, instrumentation, utilisation de la voix… Ben l’Oncle Soul, de son vrai nom Benjamin Duterde, est un chanteur français né en 1984. Sa chanson fait référence à de nombreux personnages célèbres.
J’ai pas le regard de Spyke Lee,
J’ai pas l’génie de De Vinci,
J’ai pas les pieds sur terre,
la patience de ma banquière,
Oh ! J’ai pas… ces choses-là…
J’ai pas la sagesse de Gandhi,
l’assurance de Mohammed Ali,
J’ai pas l’âme d’un gangster,
la bonté de l’abbé Pierre,
Ni l’aura de Guévara…
[Refrain]
Je n’suis qu’un soul man, écoute ça, baby !
J’suis pas un superman ; loin de là.
Juste moi, mes délires, je n’ai rien d’autre à offrir,
Mais je sais qu’enfin, c’est déjà ça…
oh, oh, ouh…
J’ai pas l’physique des magazines,
J’ai pas l’humour de Charlie Chaplin,
J’ai pas la science infuse,
le savoir-faire de Bocuse,
non, je n’ai pas ces choses-là…
J’ai pas la chance de Neil Armstrong,
J’ai pas la carrure de King Kong,
Plusieurs cordes à mon arc,
la ferveur de Rosa Parks,
Ni le courage de Mandela.
[Refrain]
Moi, j’aurais aimé être comme eux,
être hors du commun,
j’ai bien essayé, j’ai fait de mon mieux,
Mais quoique je fasse à la fin…
[Refrain]
Oh, oh, ouh… no, no, no…
Juste moi…
Mais je sais qu’enfin, c’est déjà ça…
oh, oh, ouh…
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