Missak et Mélinée / Elise Fontenaille
Le 13/12/2024
Dans Missak et Mélinée : une histoire de l'affiche rouge, Élise Fontenaille fait résonner sa plume comme un poème en prose où chaque mot, chaque phrase semble calculé pour créer une musicalité particulière. La richesse poétique du vocabulaire, le jeu avec la longueur des phrases, la manière dont elles se brisent et s'enchaînent, produisent une cadence étonnante, parfois presque envoûtante. C'est cette musique des mots qui fascina tant Missak Manouchian, héros de ce roman, mais également porte-parole d’une jeunesse sacrifiée et ardente dans la Résistance.
L'écriture de Fontenaille peut surprendre : un rythme syncopé, marqué par des ruptures, non linéaire, créant parfois une sensation d'instabilité. Certains lecteurs pourraient se sentir déstabilisés, incapables d'entrer dans ce flux rythmé, tandis que d'autres se laisseront emporter par cette musicalité particulière. L'autrice opère également un glissement temporel inégal, passant rapidement sur certaines périodes, ce qui peut parfois dérouter, mais contribue aussi à cette sensation de précipitation, comme si l'Histoire elle-même nous échappait.
Missak, animé par les valeurs fondatrices de la France — liberté, égalité, fraternité —, porte dans son cœur un amour profond pour cette patrie qui l'a adopté et qu'il servira jusqu'au dernier souffle. Sa vie est un hommage à la liberté de penser, de vivre et de combattre ; à la fraternité qui l'a soudé à d'autres jeunes résistants immigrés, et à l'égalité pour laquelle il s'est battu, s'érigeant contre les injustices des Nazis et de leurs collaborateurs. C'est aussi une histoire d'amour passionnée entre Missak et Mélinée, une relation qui traverse les épreuves avec une émouvante intensité. Le roman nous plonge ainsi dans les actions du Groupe Manouchian, dans les attentats contre les Nazis, la terreur de la Gestapo, et surtout dans la résilience admirable de ces jeunes résistants. La lecture des lettres déchirantes écrites par les condamnés, fusillés au Mont Valérien, bouleverse profondément. Leur humanité face à la barbarie éclate dans ces derniers mots d’amour et de sacrifice, rappelant au lecteur la grandeur des idéaux pour lesquels ils sont morts. Missak et Mélinée est à la fois une ode à l'amour — celui d’un homme pour sa patrie et sa femme — et un hommage à l'esprit indomptable de la Résistance.