Une vie / James Hawes
Le 19/11/2024
« Qui sauve une vie sauve l’humanité. » C’est peut-être cet adage qui inspira Nicholas Winton, un jeune courtier anglais, à partir pour Prague en 1938, alors que la ville est remplie de familles réfugiées, fuyant les Sudètes occupées par les nazis. Confronté à la misère ambiante et à la détresse de centaines d’enfants en danger, Winton, porté par des valeurs humaines profondes, entreprit l’impensable : organiser le sauvetage de 669 enfants, menacés de mort. Aidé de ses amis du Comité britannique pour les réfugiés de Tchécoslovaquie et de sa propre mère, il déploya un effort logistique et administratif héroïque, surmontant les barrières bureaucratiques britanniques et les défis financiers de taille. Cinquante ans plus tard, dans une émission surprise, il est réuni en direct avec des centaines de ces « enfants », aujourd’hui grands-parents. Ce moment d’émotion pure révèle aussi son fardeau intime : le souvenir douloureux de ceux qu’il n’a pas pu sauver.
James Hawes signe ici une adaptation superbement émouvante du roman biographique de Barbara Winton, capturant la détermination discrète de cet homme sensible et profondément conscient de ceux qui l’ont soutenu dans cette mission gigantesque. La rencontre surprise entre ce « Schindler britannique » et les survivants qu’il a sauvés est un moment de grâce qui inonde d’émotion. Car pour ces enfants, s’ils n’avaient pas été exfiltrés de Tchécoslovaquie à la veille de la guerre, la mort dans les camps aurait été presque certaine.
À cette charge émotionnelle intense, s’ajoute la musique subtile de Volker Bertelmann, qui accompagne les moments poignants du film. Anthony Hopkins incarne Nicholas Winton âgé avec une dignité bouleversante, tandis que Johnny Flynn dépeint avec intensité le Nicky de 29 ans, soutenu par une Helena Bonham Carter dans le rôle de la mère aimante, tenace et déterminée, un pilier essentiel dans cette mission de vie. Un film à la fois grandiose et profondément humain, porté par un récit de courage et d’humanité qui résonne longtemps après le générique.