Le Tigre et le Président / Jean-Marc Peyrefitte
Le 05/11/2024
Dans ce film, Jean-Marc Peyrefitte redonne vie à Paul Deschanel, un Président de la République souvent éclipsé par l’histoire, en construisant un portrait nuancé qui se permet aussi d’égratigner subtilement l’image bien établie de Georges Clémenceau. S’appuyant sur des faits historiques tout en prenant quelques libertés pour renforcer la cohérence narrative, Peyrefitte explore avec finesse la rivalité entre ces deux figures, figures emblématiques et radicalement opposées de l’après Grande Guerre. D’un côté, Deschanel, idéaliste, profondément humaniste, visionnaire malgré sa santé mentale fragilisée par le surmenage ; de l’autre, Clémenceau, pragmatique, ambitieux et fidèle à une vision plus conservatrice de la République.
L’élégance du film réside autant dans la beauté des décors de Jérémie Duchier et la photographie soignée de Lubomir Bakchev que dans la bande-son évocatrice de Mathieu Lamboley. Ensemble, ces éléments tissent un cadre poétique pour Jacques Gamblin, qui incarne Deschanel avec une sensibilité remarquable. Il fait revivre cet orateur passionné et méconnu, qui a défendu des idéaux progressistes bien avant leur temps : le vote des femmes, le suffrage universel, l’abolition de la peine de mort, ou encore la mise en place d’un véritable code du travail.
Au final, ce film se présente comme un hommage sincère et esthétique à un homme injustement caricaturé par l’histoire, bien au-delà des anecdotes qui ont longtemps réduit Deschanel à des épisodes burlesques. C’est un plaidoyer pour que ce visionnaire, profondément républicain, soit enfin reconnu pour ses valeurs et son engagement envers une société plus juste et égalitaire.